« Quelle idée de se tenir à l’envers ? », doivent se demander les chauves-souris en nous voyant. Disons qu’être à l’envers, c’est avoir la tête dans le sens de la gravité. Eh bien, non, toutes les chauves-souris ne sont pas systématiquement suspendues la tête en bas.
Certaines se glissent à l’horizontale sous les toits, d’autres dans les fissures quel qu’en soit le sens… Cependant, les chauves-souris savent se tenir la tête en bas. Quiconque, tel Rémi Gaillard dans ses plus belles plaisanteries filmées, essaierait de les imiter comprendrait vite que cette position est pour nous antinomique avec toute notion de repos… Les muscles se fatiguent vite, la respiration est compliquée et la tête devient rapidement rouge et douloureuse.
La circulation sanguine des chauves-souris ainsi que la structure de leur squelette et de leurs muscles les rendent très à l’aise la tête à l’envers. L’adaptation la plus remarquable est certainement celle de l’accrochage passif. Il permet à l’animal de dormir, d’entrer en léthargie, voire de mourir la tête en bas sans tomber, et il est possible grâce aux griffes du pied. En effet, un tendon fixé à la base de l’orteil peut coulisser le long de l’os de l’orteil. Ainsi, tel un levier, lorsque la chauve-souris se pose, le tendon permet la flexion indépendante de chaque griffe sous le poids de l’animal, qui peut s’adapter à tous les supports d’accrochage, y compris les plus irréguliers.
Seul le poids de l’animal contrôle le mécanisme, très économe en énergie ! Pas étonnant donc qu’un individu endormi, entré en léthargie ou mort reste parfaitement suspendu. Il arrive même que l’on retrouve un squelette de chauve-souris dans cette position. Ce système est à la fois efficace et puissant : il n’est pas rare de voir un animal suspendu sur une seule patte. Pour désactiver cette action mécanique, la chauve-souris doit se soulever à l’envol pour permettre la libération et le coulissage inverse du tendon, et ainsi l’extension de la griffe.