Les rosiers, arbustes à fleurs les plus cultivés au monde, sont issus (par sélection et hybridation) d’espèces du genre Rosa (Rosacées) sauvages.
Les rosiers sont à la base d’une activité économique importante : plantes en pot, sujets à planter, fleurs coupées, parfumerie, confiserie, pâtisserie et… engrais et produits phytosanitaires « spéciaux ». De nombreuses espèces sauvages, comme l’églantier (Rosa canina), qui poussent toujours spontanément, partagent avec les variétés — objets de tous les soins de notre jardinier — toute une faune de phytophages, découpeurs, foreurs, mineurs, cécidogènes… Si les différents cultivars horticoles ne sont nullement égaux devant leurs insectes agresseurs, l’inventaire abrégé ci-après (un choix parmi une centaine d’espèces importantes) vaut pour tous nos rosiers.
Nématodes et acariens
Parmi les ravageurs non-insectes, il faut citer le Nématode à galles des racines, MeloidogyneHapla, les nématodes ectoparasites migrateurs des racines, Pratylenchus vulnus, P. penetrans et Meloidogyne arenaria, dont les larves envahissent les radicelles et provoquent la formation de nodosités qui perturbent gravement l’alimentation et le développement du chevelu racinaire.
Le Tétranyque tisserand, acarien polyphage, envahit au printemps la face inférieure des jeunes feuilles, tissant des toiles de soie légère, piquant les feuilles pour se nourrir du contenu cellulaire. Les feuilles jaunissent, se dessèchent et meurent. Auxiliaire de lutte biologique, l’acarien prédateur Phytoseiulus persimilis permet de réduire ses populations.
Hémiptères
Les pucerons sont des insectes familiers et redoutés du jardinier notamment le Puceron des tiges de rosier, brun noir, dont les œufs d’hiver sont groupés à la base des pousses et qui se développe à la base des tiges ligneuses et sur les racines superficielles, et le Puceron des pousses de l’année — ou Puceron vert du rosier —, espèce pratiquement cosmopolite. Souvent signalés également : le Puceron des céréales et du rosier, le Puceron jaune du rosier, le Puceron vert non migrant du pommier et le Puceron brun des serres.
Quatre cochenilles peuvent s’attaquer aux rosiers. Elles sont fréquentes sur les espèces non-hybrides ; suite aux piqûres, les écorces ont tendance à s’exfolier. Ce sont le Lécanium du cornouiller et de la vigne, la Cochenille à carapace du noisetier, la Cochenille virgule du pommier et surtout le Diaspis des rosiers (dit aussi Pou blanc des rosiers), protégé par un bouclier aplati, subcirculaire, blanc nacré, très reconnaissable, au corps rouge-vineux, capable d’affaiblir gravement les rosiers attaqués.
L’Aleurode des serres, d’origine subtropicale, se développe sur de très nombreux végétaux à la face inférieure des feuilles. Il est plus fréquent en culture sous abri.
La Cicadelle des rosiers est généralement très abondante sur les rosiers grimpants. Les œufs insérés par la femelle sous l’épiderme des feuilles éclosent au printemps. Les larves piquent les cellules et les vident de leur contenu. Les feuilles blanchissent ; les dommages sont très importants par temps chaud et sec. L’Aphrophore écumeuse ou Cigale bédeaude, très polyphage, est parfois abondante en été sur les pousses tendres. Les larves sont recouvertes d’une masse spumeuse caractéristique.
Thysanoptères
Quelques espèces de Thysanoptères polyphages peuvent s’installer sur les rosiers, en particulier le Thrips du rosier, dont les femelles hivernent puis, au printemps, reprennent leur activité et pondent à partir du mois de mai. Les feuilles piquées se décolorent et se déforment.
Dermaptères
Les larves et les adultes du Perce-oreille recherchent les endroits humides et obscurs. Ils apprécient les boutons des rosiers et les fleurs récemment épanouies pour s’y réfugier. Ils peuvent mordiller les jeunes tissus floraux.
Coléoptères
Parmi les Coléoptères, trois espèces s’attaquent aux boutons floraux. L’Anthonome du fraisier et du framboisier (dit aussi Anthonome de la ronce) pond ses œufs au contact des étamines, puis sectionne partiellement le pédoncule floral ; enfin, les larves entraînent le dessèchement complet de la fleur. Autre charançon, l’Otiorhynque de la vigne, espèce très polyphage dont l’adulte pratique des découpures semi-circulaires du bord des feuilles ; ses larves se développent aux dépens des racines. Deux cétoines consomment avec délectation le pollen des fleurs : la Cétoine hérissée et la Cétoine dorée — ou Hanneton des roses — dont les larves se nourrissent de matières végétales en cours de décomposition. Les cétoines sont remarquables par leur vol régulier et très spectaculaire, facilité par la sinuosité externe des élytres leur permettant, ailes déployées, de rabattre complètement leurs élytres. Enfin, le Bupreste du rosier* est nuisible par ses larves qui creusent des galeries serpentiformes descendantes dans les tiges principales, ce qui entraîne leur dessèchement et leur mort.
Lépidoptères
Une quarantaine de Lépidoptères (mineuses, tordeuses, géomètres, bombyx et Noctuelles) fréquentent les rosiers, dont on ne citera que les principaux. La femelle de la Tordeuse des buissons pond ses oeufs sur l’écorce en août et septembre. Les oeufs hivernent pour n’éclore qu’en avril suivant. Les chenilles consomment les bourgeons et se nymphosent en juin ; les adultes volent en juillet. La Tordeuse des boutons de rosier vole en fin de journée, en été. La femelle pond ses oeufs sur les tiges, ils n’écloront qu’en avril suivant. Les chenilles de la Tordeuse du rosier se développent tôt au printemps au sein de feuilles regroupées en bouquet par un tissage de soie. Les autres Lépidoptères sont polyphages, non spécifiques des rosiers. On ne citera que la Phalène sillonnée et le Minime à bandes jaunes dont les jeunes chenilles passent l’hiver à l’abri des branches basses.
Hyménoptères
Parmi les Hyménoptères Symphytes, les Tenthrèdes, très diversifiées, sont les plus nombreuses. On sait que leurs larves éruciformes ne doivent pas être confondues avec des chenilles. La plupart des espèces, une dizaine, vivent aux dépens des feuilles et des pousses tendres. La femelle de l’Hylotome du rosier (ou Tenthrède défeuillante du rosier) pond ses oeufs alignés dans les jeunes pousses ; les larves consomment complètement le limbe des feuilles ; les cocons sont tissés dans le sol. À signaler aussi la Tenthrède du rosier, aux fausses-chenilles si bien « disciplinées ». La Mineuse des pousses s’attaque aux pousses de rosier. À partir de mai, la femelle pond dans le limbe des feuilles. Les jeunes larves consomment d’abord le limbe des feuilles, puis pénètrent dans les pousses qui se dessèchent. La Tenthrède rouleuse des feuilles de rosier fait des dommages visibles de loin et très spectaculaires, car le limbe des feuilles attaquées s’enroule longitudinalement. Cette espèce « cigarière » semble préférer les rosiers grimpants. Enfin, avec des dégâts d’un autre type, la Tenthrède décapeuse du rosier, a des larves bien reconnaissables à tête noire qui se tiennent à la face inférieure des feuilles qu’elles décapent entièrement, ne laissant en place que la cuticule transparente de la face supérieure.
Les larges découpures en demi-cercle des feuilles sont le fait d’imagos de la Mégachile du rosier, une abeille solitaire qui construit, à l’intérieur de longues galeries creusées dans du bois décomposé, des cellules faites de terre ou de morceaux de feuilles découpées par leurs mandibules. Dans chaque cellule, une réserve de nourriture sucrée et un oeuf, puis une larve qui s’y développe et s’y nymphose.
Diptères
Il faut absolument citer trois Cécidomyies. La Cécidomyie des greffes de Rosacées dépose ses œufs au niveau des blessures, en particulier des blessures de greffe. Les larves se nourrissent de la sève du cambium empêchant de ce fait la cicatrisation. Trois générations peuvent se succéder au cours de l’année. La Cécidomyie des feuilles de rosier est une espèce très répandue qui pond ses oeufs dans les folioles non encore étalées. Les larves sont à l’origine d’une galle rougeâtre en forme de gousse. Les larves de la Cécidomyie des boutons de rose, de couleur rouge, se développent dans les boutons floraux, à la base des pétales qui ne s’épanouissent pas, principalement ceux des rosiers multiflores.