Non, les séismes ne sont pas comme les orages et il n’y a pas de mois plus propices que d’autres aux colères telluriques. Cette question est souvent posée par le grand public après chaque tremblement de terre remarquable. Et les hommes ont toujours essayé d’y répondre. Pline l’Ancien, un des premiers géophysiciens de l’Histoire, mort en 79 après J.-C. lors de l’éruption du Vésuve, tentait déjà, à sa façon, d’apporter des réponses.
« Je sais par ma propre expérience que les Alpes et l’Apennin ont plus d’une fois tremblé. Les tremblements, comme les foudres, sont plus fréquents en automne et au printemps. Aussi les Gaules et l’Égypte n’en éprouvent-elles pas, ici à cause de l’été, là à cause de l’hiver. Ils sont aussi plus fréquents, la nuit que le jour. Les plus violents tremblements se font le matin et le soir ; ils sont communs à l’approche du jour. On en ressent aussi dans la journée, vers midi. Ils se produisent pendant les éclipses de soleil et de lune, parce qu’alors les tempêtes s’assoupissent ; et ils se produisent surtout quand les pluies sont suivies de chaleur, ou les chaleurs de pluies. »
La tentative d’explication est louable. Et pourtant ! Les mécanismes qui engendrent les séismes ne dépendent pas de l’écart de température entre les saisons, ni de la position de la Terre dans le système solaire à différentes périodes de l’année. Ils sont créés par des forces géologiques bien plus puissantes.
L’action du froid n’a pas plus d’incidence. Quoique le froid ait des effets importants près de la surface, il n’a aucun effet en profondeur, là où se produisent les séismes. Les séismes qui prennent naissance en surface sont très rares. La plupart du temps, le foyer est situé à plusieurs kilomètres de profondeur là où les variations saisonnières de température de surface n’ont plus aucune influence.
De fortes pluies, ininterrompues pendant des semaines, peuvent créer des gonflements du sol, qui peuvent être interprétés comme des signaux avant-coureurs de séismes. À tort. Car, on ne connaît pas, jusqu’à présent, de cas documenté de séisme tellurique engendré par les précipitations. Ces mêmes précipitations importantes peuvent, en revanche, provoquer des petits séismes dans des puits de mines désaffectés ou des glissements de terrain, un phénomène relativement fréquent dans les favelas de Manille ou d’ailleurs.