Satiété
Le CRH hypothalamique induit la pro-opiomélanocortine (POMC) hypophysaire, une protéine précurseur d’au moins trois hormones (α-MSH (anorexigène), ß-endorphine (opioïde endogène)et ACTH) qui sont libérées dans le sang, mais de façon différenciée suivant l’horloge biologique et l’alimentation. L’α-MSH et la ß-endorphine sont liées aux repas. La ß-endorphine possède plusieurs fonctions : elle est plus connue pour inhiber naturellement la douleur (c’est elle qui procure le « second souffle » euphorique aux marathoniens ; en anglais « runner high »),mais elle est aussi produite en plus grande quantité en réponse aux nourritures palatables (comme le chocolat !) Elle stimule ainsi le système de la récompense via l’aire tegmentale ventrale. Quant à l’ACTH, elle est sécrétée en cas de stress, mais elle est surtout régulée par l’horloge biologique ; c’est l’hormone du réveil. Chez l’homme (animal diurne), son pic matinal entraîne la production de cortisol par la glande corticosurrénale. Le cortisol va jouer sur le métabolisme : après le jeûne nocturne, il augmente la néoglucogenèse hépatique et la dégradation des réserves protéiques et lipidiques. Il est diurétique.
Faim
En sortie, les axones de l’hypothalamus latéral se projettent vers toutes les aires du cerveau. Aux synapses, ils libèrent la MCH qui est un peptide orexigène. Par là, la MCH semble renforcer les préférences alimentaires et l’épargne énergétique. Cette conservation des stocks de glucides et de graisses peut entraîner un surpoids. On l’appelle hormone de mélano-concentration parce qu’elle fut découverte chez le saumon, où elle stimule la pigmentation de la peau par la mélanine.
La MCH et les orexines sont libérées en phases opposées : les orexines pendant le jour, la MCH pendant la nuit (elle accroît le temps passé en sommeil paradoxal). Les orexines produisent plus généralement l’éveil, lié à la recherche de nourriture. Dans mon laboratoire (Prud’homme et al., 2009), et en collaboration avec des collègues lyonnais (Hardy et al., 2005), nous avons démontré que le système olfactif devenait plus sensible aux odorants en présence d’orexines. Chez le chien, une maladie connue, la narcolepsie (qui les fait somnoler) est due à une mutation d’un des récepteurs des orexines.
1Du grec orexis = désir, appétit. Orexigène = qui donne faim ; anorexigène = qui supprime l’appétit.
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