Cet ouvrage en impression à la demande sera envoyé sous 3 semaines environ (France métropolitaine) et dans un colis séparé en cas de commande avec un autre livre papier.
Qu’il soit naturel ou synthétique, le caoutchouc est une matière première stratégique pour l’industrie. Actuellement, environ 60 % de la production mondiale est dérivée du pétrole, les 40 % restants étant issus des plantations d’Hevea brasiliensis , situées pour l’essentiel en Indonésie, en Thaïlande et en Malaisie.
Il n’en fut pas toujours ainsi : pendant longtemps, la seule source de caoutchouc des nations occidentales a été l’hévéa. En provoquant une pénurie de ce matériau indispensable aux militaires, les deux grands conflits qui agitèrent le monde au xxe siècle allaient changer la donne.
Impliqués dans les deux guerres mondiales, les États-Unis prirent conscience du danger que représentait leur dépendance à l’hévéa. Dès la pression sur les prix et les stocks de caoutchouc au début des années 1920, d’illustres Américains comme Thomas Edison, Henry Ford ou encore Harvey Firestone réagirent en concentrant leurs efforts sur les cultures alternatives de plantes à latex. Guayule, pissenlit russe, solidage ou encore cryptostegia firent ainsi l’objet de recherches d’abord « artisanales » et désordonnées, puis, après Pearl Harbor, conduites à grande échelle avec le soutien du gouvernement.
Ce livre retrace ainsi tout un pan de l’histoire économique, scientifique et politique des plantes à caoutchouc autres que l’hévéa depuis la fin du xixe siècle jusqu’à nos jours, les tentatives et les expérimentations menées, avec leurs succès et leurs échecs, ainsi que les stratégies déployées.
Cette passionnante saga dévoile aussi la complexité des rapports entre plantes et pouvoir, entre science et politique, et, dans un pays où l’intervention de l’État est regardée d’un mauvais œil, entre intérêt public et privé. Elle met en lumière l’action des différents lobbies : politiciens défendant la cause des agriculteurs – et parfois à travers eux leur réélection ! – et industriels du pétrole protégeant leurs profits, parfois au mépris de l’intérêt de leur pays en guerre…
À l’heure où les plantations d’hévéa sont menacées par un champignon, Microcyclus ulei, qui pourrait les détruire, et alors qu’il est désormais admis que les ressources en pétrole sont limitées, l’intérêt se porte à nouveau sur les plantes à caoutchouc autres que l’hévéa. L’Union européenne finance ainsi un projet de recherche sur le guayule et le pissenlit russe en Méditerranée, dont les résultats prometteurs laissent désormais espérer la naissance d’une nouvelle industrie fondée sur ces plantes.